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Revue vaudoise de généalogie et d'histoire des familles

2013, 26e année

En article de tête, ce sont les modalités amenant à la conclusion d'un mariage au sein de l'aristocratie qui attirent l'attention de Sarah Réal. Elle s'intéresse aux étapes successives menant à la conclusion finale des mariages de la descendance des deux premiers ducs de Savoie, Amédée VIII et Louis Ier, au XVesiècle. L'intérêt de son étude est de présenter, à travers quelques exemples, une synthèse inédite de ces mariages. Leur réalisation laisse entrevoir un système complexe servant les ambitions politiques du duché. L'étude des contrats de mariage, ainsi que d'autres documents, met en lumière les différentes caractéristiques de ces alliances comparées entre elles, comme l'analyse des dots qui permet d'évaluer la "valeur" financière des princesses. Son étude livre également une approche spécifique, en mettant l'accent sur l'âge des protagonistes aux différentes étapes préalables du mariage. Le lecteur appréciera l'illustration de cet article principalement due à l'héraldiste français Arnaud Bunel dont la contribution permet non seulement d'illustrer le propos, mais également d'identifier et symboliser les alliances. Filiations, études, analyses et comparaisons sont les maîtres mots de ce numéro qui permet d'évaluer les dimensions très vastes des recherches en histoire de la parenté tant par des thématiques pointues que par des monographies familiales ou biographiques. Yves Delacrétaz s'interroge sur l'émergence et la disparition d'entreprises de l'industrie chimique du milieu du XIXesiècle en France. Il illustre son étude par la destinée de l'entrepreneur vaudois Samuel Delacrétaz, initialement pharmacien à Morges, pionnier oublié de la fabrication de produits chimiques et fondateur de manufactures. Malgré l'absence quasi totale d'archives privées, l'auteur dessine un portrait saisissant d'une histoire familiale face aux grandes mutations économiques et modifications permanentes des techniques de production du siècle de l'industrialisation. Dans le registre biographique, Tiziana Andreani s'intéresse au statut d'artiste dans le Pays de Vaud à la fin du XVIIIesiècle en prenant le cas particulier de Michel-Vincent Brandoin qui n'apparaît que ponctuellement dans l'historiographie suisse et régionale. En analysant la renommée qu'a connue le dessinateur veveysan au travers de sources d'archives et de témoignages, elle retrace la construction d'une image d'artiste dans une conjoncture alors largement défavorable aux beaux-arts. Son étude soulève notamment de nouvelles hypothèses autour de la figure de Brandoin – issu d'une famille de réfugiés huguenots – de ses relations et collaborations dans le milieu artisanal de Vevey. L'identification des armoiries figurant sur des couteaux proposés au Musée historique de Lausanne, inconnues des publications helvétiques, a conduit Pierre-Yves Favez à se pencher sur l'histoire de la famille russe de Rumine qui a marqué de son empreinte la ville de Lausanne au XIXesiècle, où elle n'a pourtant séjourné qu'une trentaine d'années: outre ses largesses philanthropiques, le legs de son dernier membre, Gabriel, a permis la construction du Palais de Rumine. Les armoiries ont pu être identifiées grâce à un dessin de 1858 figurant en tête du registre intitulé Chronique de l'églantine, du nom de la maison de maître édifiée en 1847, conservé aux Archives cantonales vaudoises. La première "invitée", Jasmina Cornut, analyse les interactions intraparentales d'une famille de l'élite valaisanne – les de Courten – entre la fin du XVIIe et le début du XIXesiècle. Elle observe les relations entre le cercle nucléaire familial et sa parenté sur quatre générations à travers trois prismes principaux: les stratégies matrimoniales, la parenté spirituelle et les solidarités parentales professionnelles. Son étude tend à démontrer qu'à la fin de l'époque moderne, les relations entre l'individu et sa parenté proche et étendue ne se tarissent pas. Au contraire, celles-ci restent denses, voire même s'intensifient dans les trois champs d'études analysés. à la suite d'Aline Johner qui avait abordé les liens entre sexualité et famille (RVGHF 2012, p.49-76) dans la région de Montreux, Tatiana Di Dio poursuit ce questionnement en expliquantl'évolution des comportements sexuels comme simple conséquence d'autres changements sociaux. Elle se demande quelle est la liberté de l'individu face aux pratiques sexuelles, existerait-il un réseau de soutien à la sexualité illégitime dans certaines familles? Telles sont les questions centrales de sa recherche réalisée sur un village tessinois à l'époque moderne. Inspirée par la micro-histoire, cette approche particulière tente d'étudier les liens possibles entre sexualité et transformations sociales, en plaçant cette première au centre de l'évolution historique, au même niveau que d'autres phénomènes sociaux, politiques, culturels ou encore économiques. Une contribution très originale s'il en est une: la vie et l'œuvre de l'artiste René Bauermeister au travers de la généalogie des médias! Michela Simona nous propose le portrait de cet homme "anti-généalogique" distant et fuyant les siens, ne parvenant toutefois pas à se défaire de l'influence de son origine familiale sur son œuvre. S'il n'a certes pas eu d'enfant, demeure-t-il toutefois sans descendants? Ces différentes contributions partent toutes d'un questionnement fondamental ou parallèle sur la parenté et comprennent une démarche généalogique de base. Elles témoignent de l'extraordinaire potentiel d'ouverture de la généalogie comme science non seulement auxiliaire, mais aussi vectorielle de l'histoire.

Titre
Revue vaudoise de généalogie et d’histoire des familles2013, 26e année
Editeur
Alphil
Auteur
Favez Pierre-Yves / Réal Sarah / Delacrétaz Yves / Andreani Tiziana / Cornut Jasmina / Di Dio Tatiana / Simona Michela
Rochat Loïc
Sabelli Fabrizio
Type de livre
Revue
Collection
Revue vaudoise de généalogie et d’histoire des familles
Numéro
195
Langue
français
Année de parution
2014
ISBN Papier
978-2-88930-186-7
Format
22x21x1.4
Nb de pages
204
Avec
Tableaux - images
ISSN
2296-7087

Références spécifiques

EAN13
9782889301867
195
204 p.
ISBN 978-2-88930-186-7
Rochat Loïc

Loïc Rochat, né à Morges en 1979, est titulaire d'une maîtrise ès lettres en histoire, avec spécialisation en recherche, exploitation et mise en valeur des sources. Durant ses études, il travaille comme archiviste et comme assistant- étudiant en Section d'histoire de l'Université de Lausanne. Responsable de la Revue vaudoise de généalogie et d'histoire des familles, il est l'auteur de plusieurs publications dans ce domaine.

Favez Pierre-Yves

Favez Pierre-Yves

Pierre-Yves FAVEZ, né en 1948 à Bâle, licencié en histoire médiévale de l'Université de Lausanne, est archiviste depuis 1983. En 1987, il fonde le Cercle vaudois de généalogie qu'il préside en 1987-1990, 1997-1998, 2005-2006, et 2011-2012. Vice-président de la Société suisse d'études généalogiques de 1992 à 1998, il est l'auteur de nombreuses publications dans les domaines de l'histoire, de la généalogie et de l'héraldique.

Delacrétaz Yves

Yves Delacrétaz, né en 1966 à Lausanne, est ingénieur civil et docteur ès sciences techniques EPFL. Après avoir occupé des postes de direction dans l'administration cantonale vaudoise et genevoise, il devient professeur de mobilité et transport à la Haute école d'ingénierie et de gestion du canton de Vaud (HEIG-VD). Membre du CVG depuis 1999, il s'intéresse en particulier à l'histoire des familles dans le domaine de l'industrialisation.

Andreani Tiziana

Andreani Tiziana

Tiziana Andreani, née en 1987 à Lausanne, obtient sa Maîtrise ès lettres en histoire et histoire de l'art, avec spécialisation en histoire de l'art régional à l'Université de Lausanne en 2013. Passionnée par le siècle des Lumières, elle rédige un mémoire portant sur le rayonnement de l'artiste Michel-Vincent Brandoin dans l'artisanat veveysan à la fin du XVIIIe siècle, sous la direction de Dave Lüthi. Pendant ses études, elle effectue un stage en muséologie et dans une maison de ventes aux enchères tout en prenant part aux inventaires du patrimoine funéraire vaudois et du mobilier du Château de La Sarraz. Ses connaissances et compétences ont été mises à contribution par la rédaction d'articles dans des catalogues d'exposition ou des revues régionales. Actuellement, elle propose des visites commentées en français et en anglais à la Fondation de l'Hermitage à Lausanne et accueille les visiteurs au Musée historique et des porcelaines à Nyon.

Cornut Jasmina

Cornut Jasmina

Jasmina Cornut, née en 1987 à Lausanne, a suivi un cursus académique en histoire et français avec un programme à options à l'Université de Lausanne. D'origine valaisanne, elle a souhaité s'orienter vers le champs de l'histoire de la famille et de la parenté moderne en Valais et rédiger un mémoire intitulé Parenté dans l'élite valaisanne des Lumières : la famille de Courten, entre stratégies, solidarité et amour, sous la direction de Sandro Guzzi-Heeb. Elle obtient sa Maîtrise ès lettres en histoire en juin 2013 et débute actuellement une thèse en tant qu'assistante-doctorante en histoire moderne à l'Université de Lausanne.

Di Dio Tatiana

Di Dio Tatiana

Tatiana Di Dio, née en 1988 à Locarno, de 2007 à 2014 elle étudie l'histoire, l'italien et l'histoire ancienne à l'Université de Lausanne. En août 2013, elle présente son mémoire de maîtrise en histoire moderne intitulé Parentela, sesso e politica in un villaggio ticinese all'epoca moderna. Illegittimità, contraccezione e reti politiche a Meride (sec. XVIIe XVIII), rédigé sous la direction de Sandro Guzzi-Heeb. En janvier 2014 elle termine ses études avec l'accomplissement d'une spécialisation en histoire : recherche, exploitation et mise en valeur des sources.

Réal Sarah

Sarah Réal a fait des études d'histoire, d'archéologie et d'histoire et sciences des religions à Lausanne entre 2006 et 2012. Dans le cadre d'une spécialisation en histoire du livre et édition critique des textes, elle publie en 2011 un article intitulé " Deux documents de 1824 sur la nationalité de Benjamin Constant " dans les Annales Benjamin Constant 36, éd. Slatkine. Elle rédige ensuite son mémoire en histoire médiévale, sous la direction d'Eva Pibiri, et l'intitule : Les alliances matrimoniales de la cour de Savoie au XVe siècle et obtient une Maîtrise universitaire ès lettres avec spécialisation en janvier 2013.